Nébuleuse

Le site municipal de Saint-Apollinaire-de-Rias comprend, comme "domaine" le site de l'Association "Les Rias", laquelle gère la Bibliothèque Municipale et son "espace Public Numérique" (Point Accès Public Internet) -deux autres domaines - et assume, sous responsabilité municipale, la gestion globale du site (délégation par convention).

Divers sites/compagnons de route l'accompagnent : le Sivu des Inforoutes de l'Ardèche, nous hébergeant et portant, les blogs créés, les sites services utilisés, le wiki, et, encore à apprivoiser, le mégasite de Villes-Internet...

Tout cela constitue une nébuleuse difficile à cerner, mais dont la modélisation est d'autant plus indispensable que site d'une toute petite commune, nous n'avons pas la base solide d'assises structurées en services ni le cadre sécurisant d'objectifs quantifiés.

Entre étroitesse des bases et vertigineuse liberté intersidérale... Ou un blog entre béquille et fusée.

Et pour éclairage ou repères, le Galilée du "Et pourtant, elle tourne", Giordano Bruno et la preuve par Mendéléiev...

Pour la bonne compréhension de ce blog dont les messages s'enchainent à partir d'un tableau initial, nous conseillons de le lire en suivant l'ordre chronologique des messages à partir du sommaire.


dimanche 29 avril 2012

De l'impression à la clarification

A Manon des Cimes
qui a l'âge de comprendre plus tard


Des réunions destinées à envisager les apports économiques possibles des actions de diverses associations ou institutions culturelles semblent avoir  ouvert le champ d'une réflexion de fond, là où on ne sait si elle était attendue - mais dont la nécessité s'est peu à peu imposée pour la majorité des acteurs présents...

Qu'on se soucie de développer des retombées touristiques pourvoyeuses d'apports économiques et culturellement enrichissantes pour les touristes, c'est légitime et sans doute, urgent. Qu'on prenne l'avis des concepteurs et médiateurs culturels,  pourquoi pas... Affaire de démocratie, de gouvernance...

Mais on ne peut confondre les objectifs de recherche, création et de médiation et, a fortiori cet ensemble d'objectifs,  avec les objectifs économiques. Ceux-ci sont importants certes, nul ne le nierait aujourd'hui - mais les objectifs éducatifs aussi, et, plus encore, en amont, ce qui  touche à la compréhension de la nature du numérique, à son incidence dans un développement humain (1), qui n'en est qu'à ses premiers balbutiements (2)...

Les objectifs diffèrent mais aussi les statuts et les personnes ! Bref, les professionnels ou autres acteurs de la culture ont assez à faire pour conceptualiser, modéliser, interroger ce qui se passe et pointe dans leur domaine... Le tourisme culturel est pourvoyeur de ressources et d'emplois, certes... Il y a des professionnels pour cela. Et ce qui est à rechercher est certainement leur formation et informations continues.


Quand on voit re-surgir la confusion numérisé/numérique à propos du livre ! (3)


C'est-à-dire occulter ou s'occulter le fait que l'écriture numérique différencie de moins en moins image/texte et son pour se situer à un autre niveau, les intégrant et dépassant (cf le "lisuel" de la Biennale de Lyon - à compléter en "solisuel" ou plus)... Un retard pris à définir ce qui se situe en amont des formations et de la définition des contenus de formation ! 


L'école du XXème siècle a déjà raté la formation à la lecture et l'écriture de l'image(4)... Et si l'on réinterroge la notion vygotskienne de "médiations symboliques" féconde et toujours nouvelle, qu'introduit à ce niveau le numérique ? Comment et pourquoi la robotique à l'école, assortie de capteurs et macroprocédures logo, et aussi d'auto-formation technique et logique des enseignants, d'enthousiasme et travail en équipe, a-t-elle semblé aux débuts ou à la moitié des années 80 faire reculer la reproduction scolaire ? (5)


Bref, des questions de fond dont dépendent aussi les choix et problématiques économiques...


Par ailleurs, les contenus et démarches de recherche et d'éducation  ne peuvent en aucun cas être assujettis à des objectifs de rentablité immédiate...

La notion de "services culturels innovants" - sous-jacente- et telle qu'elle parait entendue,  peut être intéressante dans les champs touristico-économiques si elle stimule l'autonomie et la créativité des visiteurs, mais ne saurait remplacer, même partiellement, les recherches fondamentales, en sciences humaines et de l'éducation,  ni la nécessaire réflexion philosophique, pas plus qu'aucune des méandres  d'une médiation à visée éducative (6).


Cette notion qu'un poète avant-gardiste nous a amenés à découvrir, est d'abord à questionner - entre industrie touristique et aide à ce que le GFEN (7) appelait "auto-socio-construction des connaissances"... On n'apprend rien à qui que ce soit ; par contre on peut créer les conditions favorables, poser les problèmes qui font que chacun puisse apprendre.

La diversité des domaines de pratiques est un atout pour tous et pour chacun de ces domaines ; un amalgame hasardeux en fonction d'objectifs à court-terme et relativement restrictifs  ne pourrait avoir un effet contraire à celui qui est recherché ?




Pour nous, l'entrée dans la "réalité augmentée"(8) -notion qui est sans doute à la base de la réunion du groupe de travail évoqué, car elle est essentielle à la diffusion culturelle, est d'abord cognitive : comprendre de quoi il s'agit, d'où vient cette notion, à quoi elle est liée et ce qu'elle peut apporter, assortie - à ne pas l'oublier- de celle de "dérive augmentée" qui fait sa place aux arts (9)


Ensuite se pose la question de la médiation qui, pour l'EPN de Saint-Apollinaire-de-Rias, a pris comme mayonnaise en cette Fête 2012 de l'Internet, avec, sur place, 54 personnes impliquées dans le projet, sans compter les artistes ou responsables culturels intéressés à distance- soit une centaine... Entendons-nous bien : ils ne demandent pas la livraison d'un travail ficelé d'expert, même s'ils accueillent volontiers les experts. Ce qui motive et fédère c'est le projet de co-construction de cette "réalité augmentée" et pourquoi pas "dérive augmentée"... Plus dans l'élaboration des contenus bien sûr que dans le recours à des techniques sophistiquées (patrimonialisation élargie ?). Certes ! Mais élaboration, mise en forme, conservation et transmission nous situent déjà au coeur de la culture numérique... Et pour l'équipe, un colossal travail d'organisation, suivi et synthèse qui serait facilité par les moyens de recourir, dans diverses branches, à des professionnels...


On en était là en se demandant comment traduire en initiative communale lisible et opérationnelle, publiable sur le site de Villes-Internet, quand cette affaire de "services culturels innovants"  apparaissant enfin comme clairement teintée de touristico-économique - légitime - mais secondaire par rapport à la médiation requise en EPN/Bibliothèque et  association culturelle organisant des résidences d'artistes, a tout brouillé. 


L'éclairage est venu du MacVal et des quatre axes d'Alexia Fabre, conservatrice en chef, déclinés pour "Vivement demain",  la nouvelle réorganisation/présentation de la collection du Musée :
- échafauder des hypothèses,
- tirer des plans sur la comète,
- construire des châteaux en Espagne,
- se projeter dans le futur, penser à demain, espérer,
Voilà l'inévitable nature de l'homme" (10)


D'où quelques modifications d'une nécessaire mise en système où le touristico-économique - présent- n'est plus "entrée" mais "sortie",     et se situe dans un champ différent.


Une réflexion à poursuivre. Et un tableau en guise d'outil...


Jacqueline Cimaz 

_____________________

1 Trois ères de l'hominisation  :  - l'accès au langage, l'accès  à  l'écriture, l'accès au numérique...(Hominisation : cf entre autres :  L.Sève, Marx  6ème thèse sur Feuerbach ... )  
2. Où la recherche médicale fait avancer mais appelle, comme les avancées de toutes sciences ou pratiques, une réflexion philosophique approfondie, y compris sur les confins des sciences, des techniques et des arts...
3. Cf notre travail de 2009, cadre Fête de la science sur site et blog....
4. Au mieux, le "Panzani" de Barthès, via les défunts IUFM qui offraient, même si l'expertise ne se transmet pas,  la richesse de la mixité formation initiale/formation continue...
5. Avant la rupture des accords économiques avec Thomson qui a mis fin brutalement au travail engagé par les équipes de recherche/action...
6. Il est d'ailleurs étonnant qu'hormis par le biais des Archives départementales, essentiel mais non exclusif,  la fonction muséale n'ait pas été représentée dans le groupe...
7. Groupe Français d'Education Nouvelle, né du travail du Conseil National de la Résistance et du plan Langevin-Wallon - fort de la réflexion de Wallon sur la notion de "crise" dans le développement de l'enfant, enrichi des décennies plus tard par le Talyzina qui renversait enseignement programmé et objectifs à la Mager, en planification de l'apprentissage avec les apprenants - le premier grand apport d'une culture numérique émergente aux théories de l'apprentissage !
8notion qui est sans doute à la base de la réunion du groupe de travail évoqué
9. D'ailleurs le triptyque de Kurokawa exposé à  Bourgoin-Jallieu -"Ground"-  et dont la force et le sens évoquent Guernica, comporte trois écrans autonomes et complémentaires où la dérive augmentée permet d'approcher différemment, artistiquement et puissamment  les atrocités de la guerre au Moyen Orient...
10. A une époque où la représentation ambiante du présent et de l'avenir tue l'envie de grandir chez tant d'enfants !



1 commentaire:

  1. Reçu de Marika Dermineur:

    "pour réagir, le mot "innovant" semble être devenu le point d'appui de toute une architecture idéologique, la vision très positive et enthousiaste du numérique. Ca rappelle un peu la notion de progrès, qui fonctionnait de la même manière (innovation semble l'avoir remplacé), des oeillères pour ne voir que vers l'avenir sans regard critique, l'histoire pensée comme une direction vers du meilleur, du plus civilisé etc...

    > "service culturel" c'est antinomique. le service renvoie à la consommation, et tire le culturel vers le consommable. on sait bien que cela ne peut pas fonctionner comme ca. donc "service culturel innovant", oui c'est la novlangue du ministère de la culture."

    RépondreSupprimer